LE PAYS DES MILLE ETOILES

« Vous avez raison »,disent quelques uns, « c’est là et non ailleurs que se trouve le talisman. Nous sommes assis près de la source de la liberté et nous guettons : c’est le grand miroir magique dans lequel se découvre pure et claire toute la création ; en lui baignent les tendres esprits et les images de toutes sortes ; nous voyons dans ce miroir s’ouvrir toutes les chambres. » -- Novalis

Visiteurs, attention ! Vous vous approchez de l’univers de Dédé Macchabée. Vous ne vous êtes pas encore détachés de vos corps de chenilles mais au fur et à mesure que vous avancez une étrange lueur semble vous pousser en avant dans cette pièce : sur quelques murs une suite de rectangles de diverses tailles semblent autant de fenêtres ouvrant sur autant de mondes et de monstres d’une incroyable gentillesse. Il y a un avant et un après cette plongée dans une vision : jamais plus vous ne serez tout à fait ce que vous avez été ; les macchabées les plus désséchés, les momies les plus enfouies sont amenés à entrevoir qu’un rayon de lumière amusante a pénétré le sinistre tombeau de ce siècle d’agonisants. Les terriens n’ont pas réussi à devenir humains ; à peine commencent-ils à se poser la question.

Dédé a tout compris : derrière cette terre il y a une autre terre,tout aussi terrestre mais céleste en plus, avec mille et un fromages,vins,desserts,danses et notes de couleurs ou de musiques. Derrière la réalité il y a le réel toujours en mouvement, en sentiment, en émerveillement ,beauté oubliée juste sous nos pieds.

Dédé dans ses oeuvres,dans sa vie,n’a rien de génial ni d’extraordinnaire, simplement la si rare volonté de s’installer dans le renversement des antiques malédictions pesant sur les mots art et travail et d’en faire au lieu d’un enfer,un paradis naturel,originel, normal. Devant les accablants romantismes du malheur, le garrot des soit disantes fatalités,seule une fée pouvait relever le défi : réaffirmer plus que jamais le bonheur comme idée neuve en Europe et dans l’univers.

Pour cela, elle a dû créer de toute pièce un peuple qui en soit digne : sur terre seuls des monstres interstellaires pouvaient avoir le goût d’un truc pareil : mi marsupiaux,mi lézards, mi girafes ou otaries, mi bébés éléphants ou souris ou chats , rêveurs et sensuels ils ou elles s ‘appellent Groumpf,Haley Bop, Bidouille le grenouille, Groâr, Petit Léon , Marguerite,Docteur Truc ou Frères Citron....

Ils vont tous à la fête du potiron ou danser au bar des Castors en attendant la fête du ciel ou de l’arbre de Noël tout en préparant très amoureusement le Grand Colloque du Savoir à la Grande Fête du Printemps. Tout est fête avec les PMI, Peuple des Monstres Interstellaires. A la contagion du désenchantement ils appellent aux sentiers des enchanteurs.

Visiteurs il ne tient qu’à vous d’échapper à vos vivisecteurs, d’entrer dans ces toiles ; elles sont des étoiles, des talismans,des clefs,des portes ouvertes sur un pays de cocagne en apesanteur. Dédé la grande faucheuse est là pour arracher l’histoire de l’art aux vitrines et à la glace ; sa tradition directe est celle des naissances et renaissances de Fra Angelico au jardin des délices, de S.Palmer à GD.Friedrich, à tous ceux du Pouldu,St Rémy , Tahiti, Florence, Collioure ou bien Marseille....sans oublier Nabis,pop ou bd.

Son dernier mot devant les couvercles et les écorces est : « Macchabées encore un effort ... » Elle vous attend la dompteuse de papillons.

Ronan Omnès